I- Présentation du projet

En cohérence avec sa Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, l’Etat du Cameroun a consenti ces dernières années, d’important moyens en vue d’accroitre des échanges commerciaux tant à l’intérieur que dans la sous-région à travers le développement des infrastructures notamment routières. Dans cette optique, un programme de construction des corridors à été élaboré avec pour objectif central l’amélioration de la compétitivité du Port Autonome de Douala. Ainsi, les tronçons manquants des corridors ci-après sont en cours d’aménagement ou de réhabilitation :

• Douala- Yaoundé- Sangmélima-OUESSO en République du Congo ;
• Douala- Bafoussam- Bamenda – Enugu au Nigeria encore appelé corridor de la Concorde qui permettra à terme non seulement de rapprocher les deux peuples mais surtout de créer de la complémentarité entre les ports de Douala et de Lagos ;
• Douala- Nkongsamba- Bafoussam- Bankim- Tibati- Ngaoundéré, appelé la dorsale permettra de rallier soit le TCHAD par Garoua – Maroua- Kousseri- Ndjamena ou le Nigeria en passant par Bankim- Etat de Mbila ;
• Douala-Yaoundé-Bertoua-Garoua Boulai qui offre soit la possibilité d’entrée en République Centrafricaine par Berberati ou celle de rallier Ndjamena au Tchad par Ngaoundéré.

L’exploitation des deux derniers corridors a montré qu’en dépit de leur bon état et de leur performance par rapport à la situation initiale, la distance entre Douala et Ngaoundéré reste encore longue avec une incidence sur le coût de transport et un impact négatif sur la performance du réseau routier Camerounais. C’est pour réduire cette distance que le projet Batchenga- Ntui- Yoko- Ngaoundéré a été conçu.

Sur financement de la Banque Africaine de Développement, les études du projet réalisées par le Groupement STUDI INTERNATIONAL/ ECTA B.TP ont montré que sa réalisation permettra une réduction de la distance entre Douala et Ngaoundéré par rapport aux  corridors sus cités de 200 à 300 kilomètres. Fort de cette donnée, il va sans dire que le projet contribuera au renforcement de la compétitivité du réseau routier Camerounais comparée aux alternatives de désenclavement utilisées par les pays sans façade maritime. Il consolidera la vocation du Cameroun en tant que pays de transit et plaque tournante des échanges commerciaux en Afrique Centrale.

Au plan National, le projet permettra de désenclaver la région du centre à fort potentialité agricole en même temps qu’il favorisera les échanges entre les parties méridionale et septentrionale du Cameroun.

Lesdites études sont bouclées avec la disponibilité des différents rapports y afférent.

II- Difficultés rencontrées

Durant la phase des études, certaines difficultés ont été rencontrées. Il s’agit notamment de :

-          Le rallongement du linéaire à étudier qui été initialement de 560 km, mais à la suite de la première phase des études (APS), le linéaire obtenu était de 612 km. La seconde phase consacrée aux études APD donne un linéaire de 595 km après certaines correction sur le tracé actuelle, soit une variation de 35 km en plus ;

-          La proximité du projet Sanaga (dont le point de captage est situé à 300 m en aval du site de construction du pont au lieudit Nachtigal) destiné à l’approvisionnement de la ville de Yaoundé en eau potable. En effet, il sera question de coordonner les travaux pour éviter un chevauchement des 02 projets, en ce qui concerne plus précisément  le tracé routier et lapose des canalisations.

III- Consistance des travaux

Activité 1 : Travaux de construction de la route Batchenga- Ntui- Yoko- Ngaoundere

Le projet démarre à Batchenga en se raccordant à la RN1 et s’achève à l’entrée Nord de la ville de Ngaoundéré (RN1). Sa longueur totale est de 595Km. Prenant en compte la disponibilité des matériaux, les travaux ont été subdivisés en trois sections homogènes :

• BATCHENGA-NTUI- YOKO (201 km environ) ;
• YOKO-TIBATI (180 km) ;
• TIBATI- NGAOUNDERE (214 km).

La vitesse de référence du projet est de 100 km/heure avec des réductions à 60 km/heures sur 13% du linéaire pour tenir compte des contraintes topographiques.

Le profil en travers type du projet prévoit une chaussée de 2x1voie de 3.5 mètres de large chacune avec des accotements de 1.5 mètre en raz campagne et 2 mètres en zones d’agglomérations.

Le tracé en plan a été défini pour favoriser une meilleure circulation des usagers dans le respect des vitesses de référence. Ainsi sur l’ensemble du projet les rayons de courbures oscillent entre 120 et 450 mètres.

En ce qui concerne le profil en long, les déclivités ont été définies pour optimiser les couts des terrassement en équilibrant les déblais et remblais tout en favorisant l’écoulement des eaux dans les ouvrages longitudinaux sans sacrifier l’exigence d’amélioration des conditions de visibilité notamment au niveau des sommets à angles saillants.

Pour tenir compte du trafic (type T4) et de la nature des matériaux identifiés dans les différentes carrières, la structure de chaussée est constituée de la façon suivante :

• Couche de fondation en grave latéritiques d’épaisseur 30 cm;
• Couche de base en graves naturelles traitées d’épaisseur 20 cm ;
• Couche de roulement en béton bitumineux d’épaisseur 5 cm.

Les études hydrologiques et hydrauliques de la zone d’influence du projet ont permis de dimensionner plusieurs ouvrages d’assainissement. Ainsi de nombreux fossés, caniveaux cunettes et dalots seront réalisés dans le cadre du projet. Dans le même ordre d’idées, les ouvrages type PIPO (passage inférieur en portique ouvert)  ou PSI BA  (passage supérieur en Béton armé) ou PSI OM (passage supérieur à infrastructure ossature mixte) seront construits.

Activité 2 : Travaux de voiries urbaines

Dans le cadre du projet, il est prévu l’aménagement de 18 kilomètres de voiries urbaines dans les principales villes traversées selon la répartition ci-après :

• BATCHENGA 4.2 kilomètres ;
• NTUI 5.7 kilomètres ;
• YOKO 5.6 kilomètres ;
• TIBATI 6.7 kilomètres.

Les profils en travers sont fonction de la trame du réseau viaire de la ville. Ainsi pour les voies principales et secondaires, il est constitué de 2x1 voie de 3.5 mètres de large chacune avec  2 mètres d’accotement. La voirie tertiaire quant à elle est constituée de 2x1 voies de 3 mètres de large chacune sans accotements. Ces différentes voiries auront une structure de chaussée unique qui se présente comme suit :

• Couche de fondation de 20 cm en graveleux latéritiques non traités ;
• Couche de base en grave concassés de 15 cm ;
• Couche de roulement en enduit superficiel bicouche.

Activité 3 : Travaux de Construction du pont sur la SANAGA à NACHTIGAL

Le pont sur la Sanaga qui sera construit au lieudit  Nachtigal, est un ouvrage d’une portée de 400 mètres répartis en sept travées de longueur variant entre  42 à 75 mètres. Les culées et piles sont en béton armé reposant sur les semelles superficielles. Elles  traversent un terrain rocheux altéré peu profond pour être ancrées dans le substratum rocheux constitué par un Gneiss fracturé. Les semelles sont posées sur un massifs de gros béton armé double face d’environ 1 mètre de hauteur. Le tablier est en structure mixte (Acier béton) constitué de deux poutres principales en acier recouvert par une dalle de compression en béton armé.

L’ouvrage a été dimensionné en tenant compte de la navigabilité du fleuve Sanaga.

Le profil en travers de cet ouvrage présentera une chaussée de 2 fois une voie de largeur 3,50 m, avec des accotements de 1,50 m. pour ce qui est du profil en long, ce pont aura une déclivité moyenne de 6% de part et d’autre pour faciliter l’écoulement des eaux vers les gargouilles.

Activité 4 : Travaux Connexes

Afin de permettre aux populations de la zone d’influence du projet d’en tirer avantage, des travaux connexes ont été définis sur la base des besoins exprimés. Ainsi, 250 kilomètres de pistes rurales seront réhabilitées, 55 latrines, 53 centres de santé, 44 forages, 61 salles de classes et deux centres de formations de la femme seront construits à travers les villages.

D’autres infrastructures communautaires seront réalisées à l’instar des Marchés à bétail, des gares routières…

Activité 5 : Sensibilisation et Appui institutionnel

Des activités de sensibilisation aux VIH/SIDA, de suivi évaluation des impacts socio-économiques, des audits comptables et techniques sont également inscrites dans le cadre du projet.

Un appui institutionnel au Ministère des Travaux Publics ainsi qu’à la Cellule de Suivi et de Coordination des projets est envisagé.

IV- Recherche de financement

La recherche de financement pour la première phase du projet est bouclée. Il s’agit de la section Batchenga – Ntui – Yoko (201 km) avec tous les différents travaux et aménagement connexes y afférent, pour un montant de 195 milliards de F CFA. Les principaux bailleurs de fonds sont la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque de Développement de l’Afrique Centrale (BDEAC), l’Agence française pour le Développement (AFD) et la République du Cameroun.

L’AFD financera le premier lot des travaux à savoir Batchenga – Ntui et la voirie de la ville de Batchenga. Quant à la BAD et la BDEAC, ils fonctionneront en financement conjoint sur le reste des travaux.

V- Travaux prioritaires

Les travaux prioritaires sont :

-          L’aménagement de 201 km de route entre Batchenga et Yoko avec la construction d’un pont de 400 m  sur la Sanaga à Nachtigal ;

-          L’aménagement de 15,5 km de voirie dans les villes de Batchenga, Ntui et Yoko ;

-          L’aménagement d’environ 100 km de piste de collecte ;

-          La construction des infrastructures socio – éducatives.