Bien que les chiffres semblent refléter un avancement significatif, le constat est catastrophique, sept mois après la visite des chantiers effectuée par le MINTP dans la région du Sud, l’entreprise iranienne KAYSON INC qui exécute les travaux n’a évolué que de 14% dans les travaux de construction du tronçon Sangmélima-Mekok-Bikoula.

Pour comprendre ce qui entrave l’évolution du chantier, le Ministre des Travaux Publics, Patrice Amba Salla, a convoqué une réunion entre les quatre acteurs chargés d’exécuter les travaux sur la section1 Sangmélima-Mekok-Bikoula (65 km) de la route Sangmélima-Djoum,  le vendredi 09 janvier 2014, dans son cabinet. Le patron des Travaux Publics, a écouté tour à tour les acteurs du chantier de construction de ladite section.

Selon les rapports de KAYSON INC (Titulaire du Marché de travaux) l’avancement physique des travaux à la date du 31 décembre 2015 s’élève à 25 % ; le taux de consommation des délais  88,82 % ; 22 décomptes ont été émis pour un montant de 7 582 105 255 FCFA HTVA ; (y compris avance de démarrage AD) ou 2 920 527 113 FCFA (sans AD) ; le taux de consommation financière à cette date est estimé à 31,98 % (y compris avance de démarrage) ou 11,98% sans AD). Montant total du marché est de 23 307 890 710 FCFA HT, soit 27 794 659 671 FCFA TTC pour un délai d’exécution 30 mois ; date de début des travaux : 13 octobre 2012. Les travaux sur ce tronçon consistent à effectuer : des travaux préparatoires et préparation du terrain ; des terrassements généraux ; une assise de chaussée ; la couche de roulement est de 5 cm de béton bitumineux (BB) et enduit superficiel bicouche sur accotements ; des ouvrages hydrauliques et d’assainissement (106 buses et 08 dalots) ;  signalisation verticale et horizontale et équipements ; la construction d’une station de pesage, d’un poste de péage, d’un poste de comptage automatique et d’aires de stationnement et de repos et la mise en œuvre du Programme de Gestion Environnementale et Sociale.

La mission de contrôle des travaux PACE/ECCAM Consulting Sarl  quant à elle a déjà reçu 1 130 750 000 FCFA HT pour remplir son cahier des charges de 34 mois (y compris la revue des études techniques) ; la phase revue des études techniques a commencé le 31 mars 2011. La surveillance des travaux a débutée le 13 octobre 2012 et le taux de consommation des délais a atteindra 69,93 % (y/c phase de revue des études). Au total, 24  décomptes été émis  jusqu’ici pour un montant de 790 717 160 FCFA HTVA.

Les plaintes fusent de toutes parts. Les mêmes raisons dues à la lenteur des travaux sont évoquées par la mission de contrôle : la non mobilisation du matériel par l’entreprise sur le chantier, la libération partielle des emprises, le décret d’expropriation du paiement des indemnités aux riverains toujours en attente et les précipitations abondantes qui tombent ces derniers mois. En plus des raisons sus-évoquées KAYSON INC déclare être confrontée à une roche plus dure que les prévisions faites à la base et ce malgré le nouveau concasseur dont elle vient de se  doter. Le Groupement d’entreprises PACE/ECCAM en charge du contrôle et du suivi des travaux se plaint d’être face à une entreprise qui techniquement n’est pas apte à mener à bien la mission qui lui est assignée. Comme exemple, la mission de contrôle indique que l’entreprise ne rempli aucune clause technique (outils inadaptés pour le chantier, engins régulièrement en panne, instabilité du personnel d’encadrement, répartition inéquitable des personnels iraniens et Camerounais, sur 60jours 58 jours d’arrêt des travaux…pour ne citer que ceux-là).  Les deux sous-traitants AGEL IC, chargés respectivement des déplacements des réseaux électriques et NAL Services, en charge des sépultures ne sont pas en reste. AGEL IC revendique le paiement ses décomptes et affirme être prête à livrer son marché d’ici la fin du mois de janvier 2015 avec l’appui de la mission de contrôle qui l’encourage. NAL Services revendique le renouvellement de son contrat par l’entreprise et le paiement de ses avenants. Ce qui ne l’a pas par ailleurs empêché de déplacer 264 tombes sur les 353 prévues dans le marché.

« Je ne peux pas construire une route de 65km pendant quatre ans ! La construction d’une route est faite pour être livrée dans les délais aux populations » a martelé avec fermeté le patron des travaux publics à l’entreprise iranienne. « Je vous accorde une fois de plus un délai de quatre mois pour vous mettre en règle vis-à-vis du maître d’ouvrage » a-t-il ajouté. Pour conclure l’entretien, le MINTP a instruit certaines mesures à respecter par l’entreprise KAYSON INC. qui en cas de non respect aboutira à la résiliation de leur contrat dont : le changement de l’équipe d’unité de gestion sur le site. Par ailleurs, l’entreprise recevra deux ordres de services le mercredi 14 janvier 2014 ; l’un relatif au renvoi de tous les personnels non agrée qui exercent sur le site, l’autre l’appelant à mobiliser tous les équipements nécessaires pour la construction de la route en 21 jours. Il a également indiqué qu’il n’y aura pas de prolongation d’activité, les activités pourraient reprendre dans le cas où les OS de service donné à l’entreprise sont évalués positivement.

A titre de rappel, la section Sangmélima-Mekok-Bikoula fait partie du chantier de construction de la route transfrontalière Sangmelima-Djoum-Mintom-frontière Congo long de 215 km et  fait partie de la Route nationale N°9. L’itinéraire permettra de relier Yaoundé, capitale du Cameroun à Brazzaville, capitale du Congo. Le projet est sectionné en trois (03) lots dont, Sangmélima-Bikoula (lot 1), Bikoula-Djoum (lot 2) et Djoum-Mintom-Frontière Congo (lot 3)